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33e Festival international des films sur l’art | Prise II

4 avril 2015

Portraits croisés

Luc Chaput
ÉVÈNEMENT

Il y a une semaine environ, s’est terminé le 33e Festival international du film sur l’art (FIFA). Comme à l’habitude, de nombreuses œuvres sur des sujets diversifiés étaient offertes au bon gré des spectateurs avides de découvertes. Des circonstances indépendantes de ma volonté m’ont empêché d’en voir autant que d’habitude et ce même en compétition. Ainsi je n’ai pu assister à la présentation de Before the Last Curtain Falls de Thomas Wallner, grand gagnant qui, par le biais de plusieurs portraits, décrit la présentation de spectacles par des travestis âgés encore capables de donner un spectacle diablement émouvant. Le sujet et ce grand prix détonnent par rapport à ceux habituels de ces manifestations plutôt portées sur les grands opus anciens et reconnus.

Concrete Love

Concrete Love

Un architecte allemand continue de travailler à plus de 90 ans et même à gagner des concours. C’est Gottfried Böhm lauréat du Pritzker déjà en 1986. Maurizius Staerkle-Drux le suit sur une longue période dans ses interactions professionnelles avec Stephan, Peter et Paul, ses trois fils aussi architectes ainsi qu’avec son épouse aimée diminuée par la maladie. Le regard du jardinier, vieil employé, participe aussi à ce portrait complexe où les édifices construits par la famille sont détaillés avec art par la caméra fouineuse du réalisateur. Concrete Love s’est mérité avec raison le prix du Jury exaequo avec Art War de Marco Wilms sur les artistes revendicateurs de la révolution détournée de la place Tahrir en Égypte.

The Skies over Dresden de Paul Cohen, sur le chef d’orchestre Hartmut Haenchen et ses démêlés avec la Stasi, a été couronné meilleur film éducatif plutôt que Beatus de Murray Grigor sur lequel j’ai écrit ici le plus grand bien. Marcia Connolly et Katherine Knight furent lauréates de la meilleure œuvre canadienne pour Strange and Familiar: Home, Hope and Architecture on Fogo Island. La reprise en main par les habitants de cette communauté îlienne au nord de Terre-Neuve, menée en partie par des personnalités de retour chez elles après un exil fructueux est exposée par le menu. La création d’un hôtel et de résidences artistiques magnifie ainsi la beauté de ces lieux qui avaient déjà reçu, il y a quelques années, le bronze du Great Auk (grand pingouin) du sculpteur animalier Todd McGrain, maillon important de son Lost Bird Project à propos duquel le film éponyme de Deborah Dickson avait d’ailleurs été présenté en 2012 à ce même festival.

Fellini-Visconti

Fellini-Visconti, duel à l’italienne

Plusieurs biographies croisées sur le mode du conflit présumé ou ressenti étaient présentées cette année. La meilleure pour le 7e art était Fellini-Visconti, duel à l’italienne de Christopher Jones et Marie-Dominique Montel où le travail de sape des fanas et assistants est bien illustré par de nombreuses archives et entrevues qui donneront, peut-on l’espérer, le désir à plusieurs de voir ou revoir ces magnifiques longs métrages créés à cette époque des Trente Glorieuses, si éloignées aujourd’hui.

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