En salle

Timbuktu

12 février 2015

Semaine du 13 au 19 février 2015

LE FILM DE LA SEMAINE
PRIX DU JURY ŒCUMÉNIQUE  (Abderrahmane Sissako)
Festival de Cannes 2014

Timbuktu_En salle 2

Sortie : Vendredi 13 février 2015
V.o. : arabe ; français
S.-t.f. / S.-t.a. – Tombouctou

DRAME > Origine : France /Mauritanie – Année : 2014 – Durée : 1 h 36 – Réal. : Abderrahmane Sissako – Int. : Ibrahim Ahmed, Toulou Kiki, Abel Jafri, Fatoumata Diawara, Layla Walet Mohamed, Mehdi A. G. Mohamed – Dist. / Contact : Axia | Horaires / Versions : Beaubien Cinéma du ParcCineplex

CLASSIFICATION
Visa GÉNÉRAL
(Déconseillé aux jeunes enfants)

APPRÉCIATION
MORTS EN PLEIN SOLEIL
Texte : Luc Chaput
Cote : ★★★★

Des milices prennent le contrôle d’une bourgade et émettent avec des porte-voix des édits interdisant diverses activités, musique, jeu et prescrivant certaines tenues vestimentaires que ce soit des gants pour les femmes et des pantalons d’une certaine apparence pour les hommes. Le ton est alors malgré tout relativement gentil. Pourtant, les premières inages avec destruction à la mitrailette de sculptures africaines donnaient le ton.

Le réalisateur mauritanien Abderhammane Sissako, après Bamako, continue à porter son regard acéré sur les contradictions de son continent aux prises avec les prévarications et les inégalités. Ici, il attaque de plein front l’arrivée des milices islamistes radicales dans le nord du Mali. Si son film porte le nom de Tombouctou en tamasheq (langue touareg), il semble se passer dans un village tant le nombre d’habitants est assez petit. Le village est pourtant Tombouctou, perle du désert, ville patrimoine de l’humanité selon l’Unesco pour son influence pendant de nombreux siècles et comme point de passage entre le Maghreb, le Sahel et les régions plus fertiles du Sud.

Le village est aussi Tombouctou car ses habitants sont aussi importants que ceux de nos multiples cités.

Sissako et son coscénariste Kessen Tall mettent en rapport des aneccdotes, des histoires qui se recoupent à plus ou moins longue échéance, passant par la sublime chorégraphie d’une partie de foot sans ballon (on peut y voir un hommage à Tati ou à Blow Up). C’est pourtant un moyen subtil de résistance aux interdits. Plusieurs militants sont montrés dans leurs contradictions entre leur carapace du droit du plus fort et leur pulsions diverses et leurs manies. Des voix s’élèvent dont un iman qui recadre diverses notions et rappelle d’autres sourates du Prophète aux sicaires.

Une histoire de vache qui s’égare déclenche un autre drame qui constitue la base de décisions cruelles et injustes filmés avec grandeur car à hauteur d’homme, de femme et d’enfant, rendant préhensibles, ces petits et grands drames de la bêtise mêlant cimeterre et goupillon. Sissako et son équipe ont créé là une oeuvre discrètement rageuse dont on s’étonne que le Jury de Cannes n’y ait pas été plus sensible.

MISE AUX POINTS
★★★★★ (Exceptionnel) ★★★★ (Très Bon) ★★★ (Bon) ★★ (Moyen) (Mauvais) ½ (Entre-deux-cotes) – LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.

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