En salle

L’Amour au temps de la guerre civile

5 février 2015

Semaine du 6 au 12 février 2015

L'Amour au temps de la guerre civile

Sortie : Vendredi 6 février 2015
V.o. : français
S.-t.a. – Love in the Time of Civil War

DRAME DE MILIEU > Origine : Canada [Québec] – Année : 2014 – Durée : 2 h – Réal. : Rodrigue Jean – Int. : Alexandre Landry, Jean-Simon Leduc, Simon Lefevbre, Catherine-Audrey Lachapelle, Ana Christina Alva, Éric Robidoux – Dist. / Contact : Les Films du 3 mars | Horaires / Versions  : Excentris

CLASSIFICATION
Interdit aux moins de 16 ans
(Érotisme)

APPRÉCIATION
ERRANCE HIVERNALE
Texte : Maxime Labrecque
Cote : ★★★ ½

La caméra, pratiquement toujours en mouvement, scrute les visages des personnages à la recherche d’une révélation, d’une prise de conscience ou d’une épiphanie qui ne vient pas. Le cadrage très serré, semblable à celui de La Vie d’Adèle, n’a ici pas du tout le même effet. Si, dans le film de Kechiche, on pouvait y voir les traces d’une sensualité naissante et d’une sexualité ardente, chez Jean, le même procédé, paradoxalement, banalise l’acte sexuel et force le spectateur à voir une réalité sociale loin d’être reluisante.

Les rares plans fixes du film sont généralement accompagnés d’un silence ambiant. Ce sont des moments de solitude et de quiétude inhabituels où Alex peut respirer, l’espace d’un instant. Il est par ailleurs fascinant de voir à quel point les protagonistes sont souvent filmés de dos, la plupart du temps marchant dans la ville, en hiver. Peut-on y voir une certaine pudeur, un éphémère désir d’anonymat au sein des nombreuses scènes explicites ? Loin de provoquer une distance, ce procédé vient au contraire camper le spectateur dans le rôle d’un maraudeur qui suit, épie et guette les protagonistes tout en ayant le loisir de voir sans être vu.

Une sorte de perversité malsaine, en quelque sorte. Ainsi, le jeu de dos, particulièrement marquant dans ce film, amène le spectateur à suivre ces travailleurs du sexe, tels d’avides clients objectivant le corps de leur victime. Mais lorsqu’il est confronté à cette sexualité montrée à froid et rendue possible grâce à l’abus de substances, il ne peut plus détourner le regard. Et c’est là que le message du film frappe. Le même cycle se répète jusqu’à une finale inévitable, qui pourrait faire sortir le protagoniste de son interminable errance, mais qui montre plutôt à quel point celui-ci est déconnecté du monde et de ses enjeux politiques et sociaux.

MISE AUX POINTS
★★★★★ (Exceptionnel) ★★★★ (Très Bon) ★★★ (Bon) ★★ (Moyen) (Mauvais) ½ (Entre-deux-cotes) – LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.

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