En salle

Félix et Meira

29 janvier 2015

Semaine du 30 janvier au 5 février 2015

LE FILM DE LA SEMAINE
Félix et Meira_En sallePRIX DU MEILLEUR FILM CANADIEN
Toronto International Film Festival 2014

Sortie :Vendredi 30 janvier 2015
V.o. : français ; anglais ; yiddish
S.-t.a. – Felix and Meira

DRAME > Origine : Canada [Québec]–Année : 2014 – Durée : 1 h 46 – Réal. : Maxime Giroux –Int. : Martin Dubreuil, Hadas Yaron, Luzer Twersky, Anne-Élisabeth Bossé, Benoît Girard, Josh Dolgin – Dist./ Contact: FunFilm | Horaires/Versions  : Beaubien Cineplex Excentris

CLASSIFICATION
Visa GÉNÉRAL

APPRÉCIATION
LE GOÛT SUBTIL DE LA TRANSGRESSION

Texte : Élie Castiel
Cote : ★★★★

Félix et Meira est surtout porté par le goût raffiné de la transgression, pour son affranchissement, pour sa nature libératrice. Dans ce contexte, le film de Giroux est sans contredit socialement politique, situant les différences dans des sphères d’émancipation, d’ouverture et de rapprochement. Et il y a les comédiens. Notamment, Martin Dubreuil, bête de scène, définitivement parmi l’un des meilleurs de sa génération, mariant je-m’en-foutisme et générosité avec une sincérité touchante, proposant une sorte de method acting à la québécoise définissant parfaitement bien ce qu’est en fait l’art de l’interprétation. Dubreuil est de ces acteurs qui foncent, qui osent s’acclimater parfaitement bien à toutes sortes de situations. Virilité et sensibilité s’accomodent pour nous faire découvir un joueur de scènes remarquable. Et puis l’incroyable actrice israélienne Hadas Yaron, découverte en 2012 dans le très sensible et édifiant Le cœur a ses raisons (Lemale et ha’halal, étonnamment, lui aussi situé dans un contexte hassidique où la femme tente de s’émanciper malgré les obstacles imposés par son milieu).

Mais le film est aussi (est-ce conscient de la part de Giroux ?) un regard sur une certaine communauté juive montréalaise, particulièrement la hassidique, qui – malgré les apparences –peut être plus ouverte qu’on ne le croit, mais est souvent regardée avec indifférence, culture de masse oblige. Giroux propose un changement de ton et de comportement. Le cinéma québécois ne peut s’émanciper qu’en s’ouvrant à l’autre. Mais l’autre aussi a un grand besoin de s’intégrer au système social majoritaire, tout en conservant, au privé, ses propres codes de conduite.

Le réalisateur le confirme dans une scène d’une grande délicatesse et de raffinement où le peu dit l’emporte sur les mots. Face à face, le mari de Meira et l’amant de celle-ci discutent sur la question; mais ici, l’agression perd au profit d’un dialogue où règnent la sensibilité et la simple logique, donnant l’opportunité aux deux comédiens, Dubreuil et Luzer Twersky, impeccables, de séduire la sensation instable de l’émotion. Mais avant tout, il s’agit là d’une union entre deux cultures opposées, l’une libre, l’autre impénétrable, et qui ne serait-ce que pour quelques instants, tentent de s’apprivoiser tant bien que mal, quitte à ce que les lendemains présentent des difficultés qu’il faudra également surmonter. Avant tout, Félix et Meira est une magnifique histoire d’amour, un beau film romantique qui affirme avec courage la luminosité intrinsèque de sa différence.

MISE AUX POINTS
★★★★★ (Exceptionnel) ★★★★ (Très Bon) ★★★ (Bon) ★★ (Moyen) (Mauvais) ½ (Entre-deux-cotes) – LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.

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