En salle

Les Opportunistes

10 décembre 2014

LE FILM DE LA SEMAINE


EN QUELQUES MOTS
Texte : Anne-Christine Loranger
Cote : ★★★ 1/2

Le film de Paolo Virzì donne au départ l’impression d’un ramassis de clichés sauce Alfredo. Comme avec un bon vin, il faut lui donner le temps de s’oxygéner. Car passé les vingt premières minutes, effet d’un montage subtil et d’une réalisation taillée au laser, on assiste à plusieurs tours de passe-passe qui tournent l’action sur elle-même selon trois points de vue. Dino Ossola, agent d’immeuble au bord de la faillite et dont l’épouse est enceinte de jumeaux, cherche à pénétrer le monde des riches en forçant la porte du financier Giovanni Bernaschi.

L’occasion lui en est donnée par le biais de sa fille Serena, qui a pour amoureux Massimiliano, le fils de Bernaschi et de son épouse-trophée, Carla. Ancienne actrice amateur, Carla cherche à trouver un sens à la futilité de sa vie en poussant son mari à investir dans la reconstruction d’un théâtre. La quête de son père vers la richesse impressionne peu l’adolescente Serena, toute occupée qu’elle est à négocier les sursauts de son cœur et à protéger celui qu’elle aime.

Les Opportunistes montre, selon des séquences qui se suivent en se complétant, la rencontre entre les classes élevée, moyenne et pauvre de la société italienne. Paolo Virzì exploite sa connaissance du milieu culturel italien et celui de la haute finance, auxquels il est constamment confrontée en tant que directeur du plus festival de cinéma italien après Venise et donc toujours obligé de mendier auprès des commanditaires. Il est aidé en cela par Valérie Bruni Tedeschi, elle-même issue d’une des plus grandes familles italiennes et qui, avec le personnage de Carla, trouve un rôle à sa mesure. Le scénario transplante habilement l’action du roman de Stephan Amidon, originellement située au Connecticut, vers la riche région italienne entourant le Lac de Côme. Virzì ne se gêne d’ailleurs pas pour écorcher au passage l’élite culturelle italienne, pauvre, avide et tristement snob.

Au contraire de la chaude lumière habituelle aux films italiens, le directeur-photo Jérôme Almeras tire parti des ciels gris du Nord de l’Italie, de la neige et du froid, pour créer une ambiance tranquillement bureaucratique, impersonnelle, cruelle. Si, depuis 2008, cette ambiance fait irrémédiablement penser à la haute finance, Virzì est là pour nous rappeler que la cruauté est de toute les classes et que les Ciel, Purgatoire et Enfer dantesques poussent leurs racines dans tous les milieux. Les Opportunistes, malgré une approche subtile, n’épargne personne.

Sortie : Vendredi 12 décembre 2014
V.o. : italien
S.-t.f. – Il capitale umano

Genre : Drame | Origine : Italie / France – Année : 2014 – Durée : 1 h 49 – Réal. : Paolo Virzì – Int. : Valeria Bruni Tedeschi, Fabrizio Bentivoglio, Valeria Golino, Fabrizio Gifuni, Luigi Lo Cascio, Giovanni Anzaldo – Dist. / Contact : Axia | Horaires / VersionsBeaubien

CLASSIFICATION
Visa GÉNÉRAL (Déconseillé aux jeunes enfants)

MISE AUX POINTS
★★★★★ (Exceptionnel) ★★★★ (Très Bon) ★★★ (Bon) ★★ (Moyen) (Mauvais) 1/2 (Entre-deux-cotes) – LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.

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