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D’Artagnan et les Trois Mousquetaires

17 novembre 2014

D’UNE DÉBORDANTE ÉNERGIE

Élie Castiel
THÉÂTRE
★★★★★

Le jeune Gascon d’Artagnan ne rêve que d’une chose : quitter sa province natale et entrer au service du roi, chez les mousquetaires. La suite, on la connaît par cœur après avoir lu Les Trois Mousquetaires, le roman culte d’Alexandre Dumas, maintes fois adapté à l’écran.

Ne passons pas par quatre chemins et disons-le sans ambages : l’adaptation théâtrale et la mise en scène de Frédéric Bélanger sont irréprochables, absorbant comme par magie la fougue de Dumas, la rigueur et l’impétuosité de sa plume à la fois ludique et emportée, tenant les spectateurs constamment interpellés, en haleine, saisis par des situations rocambolesques d’une fiévreuse originalité, impulsives, spontanées, conquis par des émotions dignes des meilleurs films de cap et d’épée, s’avouant vaincus et submergés de leur propre gré par ces envolées lyriques qui convoquent nos sens, les éclaboussent pour mieux nous rendre témoins de ce qui se passe sur scène, et pour finalement atteindre une sorte d’extase de la représentation inégalée.

Il y a les décors de Francis Farley-Lemieux, d’une simplicité visant à ne pas s’opposer aux jeux des comédiens. Les costumes de Sarah Balleux et les masques de Louise Lapointe jouent la carte de la tradition, rendant le spectacle pur, sans embellies modernes inopportunes. Et les éclairages de Julien Laflamme, créant des atmosphères aussi chatoyantes que vigoureuses ne laissent pas indifférent. On pourrait également ajouter que la partition musicale évoque les moments les plus fulgurants des grands films d’action. Sans oublier la chorégraphie des combats de Jean-François Gagnon, d’une précision qui marie à la perfection, sens ludique et jeu de dagues et d’épées.

Car avant tout, D’Artagnan et les Trois Mousquetaires est un travail d’équipe, des collaborateurs qui ont cru fermement à un projet d’envergure, hautement risqué, notamment en rapport au public auquel il s’adresse en premier lieu, en l’occurrence des étudiants du secondaire, totalement conquis le soir de la Première. Tour à tour, de la mise en scène, exemplaire, sans tache aucune, à la production technique irréprochable, tout brille, enchante, remue, s’exprime de mille et un gestes, mais surtout renvoit aux héros mythiques de notre enfance. Nous les retrouvons avec un sentiment de joie extrême comme s’il s’agissait de vieux amis qui n’ont pas pris de l’âge.

Finalement, comme tout bon récit, l’amour et la justice l’emportent malgé les obstacles. Et une fois de plus, le critique n’y peut rien. Il se laisse amadouer et entraîner par la brillance et l’alchimie communicative d’un spectacle total qui a la chance de se retrouver entre les mains d’un jeune metteur en scène pleinement conquis par son sujet et par ses sujets.

[ AVENTURES ]
Auteur : Alexandre Dumas – Adaptation : Frédéric Bélanger, d’après Les Trois Mousquetaires, de Dumas –Mise en scène : Frédéric Bélanger – Décors/Accessoires : Francis Farley-Lemieux – Éclairages : Julien Laflamme – Costumes : Sarah Bailleux – Masques : Louise Lapointe – Conception sonore : Sébastien Watty-Langlois – Combats : Jean-François Gagnon – Chanson : Audrey Thériault – Comédiens (par ordre alphabétique) : Guillaume Baillargeon (Athos), Maude Campeau (Constance Bonacieux), Louise Cardinal (La reine d’Autriche), Guillaume Champoux (Aramis), Robin-Joël Cool (Le duc de Buckingham), Steve Gagnon (D’Artagnan), Stéphanie M. Germain (Milady de Winter), Bruno Piccolo (Porthos), Philippe Robert (Le comte de Rocherfort et le roi Louis XIII), Claude Tremblay (Planchet et le cardinal Richelieu) – Production : Théâtre Advienne que pourra, présentée par le Théâtre Denise-Pelletier | Durée : 2 h 20 approx. (1 entracte)  – Représentations : Jusqu’au 19 décembre 2014 – Théâtre Denise-Pelletier (Grande Salle)

MISE AUX POINTS
★★★★★ (Exceptionnel) ★★★★ (Très Bon) ★★★ (Bon) ★★ (Passable) (Mauvais) 1/2 (Entre-cotes)

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