En salle

Vivre est facile avec les yeux fermés

27 août 2014

LE FILM DE LA SEMAINE

PRIX DU MEILLEUR RÉALISATEUR (David Trueba)
Goya 2014

En quelques mots

Texte : Élie Castiel
Cote : ★★★★

Connu des cinéphiles, notamment pour La buena vida (1996), Soldados de Salamina (2003) et Bienvenido a casa (2006), David Trueba a ceci de particulier que son parcours cinématographique évoque souvent les thèmes de la nostalgie et de la mémoire. Dans une Espagne franquiste qui vit sa dernière décennie, l’apparition de John Lennon à Almería pour le tournage de How I Won the War, de Richard Lester, est un signe d’espoir pour une jeunesse qui se cherche, avide de changement et qui ne peut, que par la musique, trouver un espoir de transformations sociales (et politiques).

Le ton doux-amer dans Vivre est facile avec les yeux fermés (Living is easy with eyes closed, paroles que l’on retrouve dans Strawberry Fields Forever!, chanson emblématique du célèbre groupe britannique, est ici au service d’un film qui se penche sur le passé pour proposer une saine et conciliatrice attente d’avenir. Les années à venir auront raison. Pour cet enseignant d’anglais dans un lycée, les paroles de la formation musicale résonnent comme un cri du cœur, un espoir de changement, la possibilité d’un nouveau pays à construire. Mais dans le même temps, elles sont, ici, le symbole concret d’une Espagne qui, culturellement, commence lentement, mais sûrement, à s’ouvrir au monde, aux influences de la musique anglophone prenant une ampleur considérable un peu partout en Europe. Aujourd’hui, paradoxalement, on pourrait, en quelque sorte, taxer cette même musique d’avoir colonisé l’imaginaire culturelle des sociétés occidentales.

Le road-movie, approche salvatrice de mise en scène, ne sert pas seulement à montrer une Espagne compagnarde, malgré les circonstances, resplendissante et lumineuse , mais sert aussi de contrepoint à l’éclosion de nouvelles idées que Trueba montre en filigrane.

Entre les trois principaux comédiens, une rapport magnifique, une symbiose qui s’inscrit dans le travail minutieux de la direction d’acteurs, mais aussi, en chacun des personnages, une fervente envie de révolutionner le présent : le plus vieux par son admiration pour la musique des Beatles, la jeune fille pour sa disponibilité à accorder aux paroles innovatrices et apaisantes de l’adulte une importance capitale, le plus jeune pour son côté pudiquement rebelle.

Tout compte fait, Vivre est facile avec les yeux fermés est une expérience cinématographique plaisante, dynamique, accueillante et souriante comme le soleil d’Espagne ; sans aucun doute, il peut facilement se classer parmi l’un des plus beaux films de l’année.

Sortie : Vendredi 29 août 2014
V.o. : Espagnol
S.-t.f. de – Vivir es fácil con los ojos cerrados
S.-t.a. – Living is Easy with Eyes Closed

Genre : Comédie dramatique | Origine : Espagne – Année : 2013 – Durée : 1 h 48 – Réal. : David Trueba – Int. : Javier Cámara, Natalia de Molina, Francesc Colomer, Ramon Fontserè, Rogelio Fernández, Jorge Sanz – Dist. / Contact : A-Z Films | Horaires / Versions / Classement : Beaubien Cinéma du Parc Cineplex

MISE AUX POINTS
★★★★★ (Exceptionnel) ★★★★ (Très Bon) ★★★ (Bon) ★★ (Moyen) (Mauvais) 1/2 (Entre-deux-cotes) – LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.

2024 © SÉQUENCES - La revue de cinéma - Tous droits réservés.