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Le Dernier Jour d’un condamné

28 mars 2014

CELUI QUI DOIT MOURIR

Élie Castiel
CRITIQUE
★★★★

Le texte évoquant le roman de Victor Hugo s’impose par sa luminosité humaniste. Les mots simples, généreux, expressifs, d’une rare force d’émotion, vibrent par intuition. Devant la mort prochaine, point de détours, mais une confession de foi livrée aux spectateurs comme s’il s’agissait d’exorciser ses démons par le biais de l’écriture, d’un journal de fin de vie qu’on s’écrit à soi-même pour partir en paix.

Le décor est simple, comme il se doit : un lit carcéral qui change de place selon le moment. En arrière-fond, un écran qui projette les hallucinations imagées du condamné. Image double, mise en abyme, réflexion théâtrale sur l’art de la représentation, confession lourde et mystérieuse d’une mort annoncée, de plus en plus certaine.

Derrière ce troublant canevas, la compagnie Bruit Public, fondée en 2009, et qui donne à l’expérience scénique post-moderne un caractère multidisciplinaire. Comment illustrer la pensée, les dessous d’un cerveau qui ne cesse d’amadouer la mort ? Le programme l’explique clairement, privilégier « l’exploration de plusieurs langages scéniques afin de créer des histoires en images, mettant l’emphase sur l’espace, la scénographie et le corps de l’acteur plutôt que sur les objectifs psychologiques du texte dramatique

L’objectif est atteint dans Le Dernier Jour d’un condamné. Entre le comédien et ses effets miroir en arrière-plan, une sorte de dialogue entre le présent immédiat et l’imaginaire. Pour rendre palpable cette proposition, un comédien hors-pair, une bête de scène qui se livre corps et âme à une expérience théâtrale où le sensoriel, le visuel et l’indicible se livrent un combat sans merci pour, finalement, se juxtaposer l’un à l’autre avec, comme résultat, l’une des plus belles propositions théâtrales de l’année.

Seul sur scène, Ariel Ifergan calibre ses gestes, se plie aux exigences de son personnage dépassé par les événements et se livre à une joute vocale d’une puissance extraordinaire, allant d’un registre à l’autre avec une aisance tout à fait singulière et maîtrisée. Sa place sur les grandes scènes théâtrales d’ici est essentielle. À voir absolument.

ADAPTATION THÉÂTRALE
Auteur :
Victor Hugo (adaptation de son roman Le Dernier Jour d’un condamné) – Adaptation / Mise en scène : Éric J. St-Jean – Éclairages : Steve Croteau – Assistante à la mise en scène : Sophie Martin – Décors / Conception visuelle : Christian Jutras – Comédien : Ariel Ifergan (le condamné)| Durée : 1 h 15 (sans entracte)  – Représentations : Jusqu’au 12 avril 2014 – Théâtre Denise Pelletier (Salle Fred-Barry).

COTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Remarquable. ★★★ Très bon. ★★ Bon. Moyen. Mauvais. ☆☆ Nul … et aussi ½ LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.

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