En salle

Le Démantèlement

15 novembre 2013

Résumé
Gaby s’occupe de la ferme familiale. Il a deux filles qu’il bien élevées malgré le départ de sa femme, aujourd’hui remariée. Un jour, Gaby décide de tout vendre et de s’installer dans un petit appartement, dans la petite ville la plus proche.

PRIX SACD – Festival de Cannes 2013
(Semaine de la critique)

En quelques mots
★★★

À cet appauvrissement des sociétés rurales, et aux préjugés qui s’ensuivent, Pilote ressent le besoin d’opposer un autre point de vue. Ces regards sur les régions, sa région, le cinéaste les pose de manière récurrente, comme d’autres le font sur la banlieue, tel que Stéphane Lafleur, monteur de Le Démantèlement et estimé confrère réalisateur (Continental, un film sans fusil). Ce ne sont ni des refuges idylliques ni des chalets sinistres – le point de vue naturel au suspens –, mais des lieux qui s’habitent et qui habitent les personnages. Dans ce sens, Sébastien Pilote participe de cet actuel cinéma québécois, très porté par des récits à la marge. C’est la génération « paravents »: paravents au perfectionnisme et à la pensée unique issue d’une métropole, paravents au high tech et aux multiples effets visuels.

Construit comme un roman, par sa division en chapitres, Le Démantèlement n’est pas non plus exempt de forme. La progression dramatique est présente, mais chaque intertitre – « Marie » d’abord, « Frédérique » ensuite – annonce l’introduction d’un élément narratif. Les chapitres baignent dans des ambiances différentes : le premier pousse Gaby dans un profond débat intérieur, le second l’en libère, le rassure même.

Certains choix esthétiques étonnent néanmoins. Surtout en première partie, lors du chapitre « Marie », où les intentions semblent trop appuyées. Les paysages majestueux et les scènes de troupeau, si dignement filmés, parfois à la lumière tombante, parlent d’eux-mêmes. Or, une trame musicale s’impose. Elle recouvre non seulement le son réel; elle détonne de la teneur documentaire à laquelle le cinéaste aime se référer. Pilote voulait sans doute signifier la distance grandissante entre le présent et le passé du personnage, entre ses préoccupations actuelles et son métier. En deuxième partie, la surdose esthétique s’atténue. Et les scènes plus courtes abondent, comme si le fermier, une fois décidé, vivait dès lors en mode accéléré.

Film d’espoir et d’ouverture, donc ? Le récit, avec l’aide de la musique, se dirigeait certes vers une fin triste. Or, avec la rupture de ton du chapitre « Frédérique », Sébastien Pilote s’en éloigne et évite le portrait noir, plus facile. Du coup, Montréal n’est plus la thèse des malheurs de « sa » région, mais un lieu autre, théâtre de la création (loin de la réalité des agneaux), celui où ses filles, ces Gagnon si différentes, s’épanouissent. Pas de fin heureuse : le film ne dit pas comment, ni où le nouveau retraité vivra vraiment. Sa paix intérieure pourrait être de courte durée. >> Jérôme Delgado

Sortie : Vendredi 15 novembre 2013
V.o. : Français

DRAME  | Origine : Canada [Québec] – Année : 2013 – Durée : 1 h 51  – Réal. : Sébastien Pilote – Int. : Gabriel Arcand, Gilles Renaud, Sophie Desmarais, Lucie Laurier – Dist. / Contact : Séville | Horaires / Versions / Classement : Beaubien Cineplex

MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Remarquable. ★★★ Très bon. ★★ Bon. Moyen. Mauvais. ☆☆ Nul … et aussi 1/2 — LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.

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