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Vues d’Afrique

28 avril 2013

LES DIVERS HABITS DU POUVOIR

Cette 29e édition de Vues d’Afrique http://www.vuesdafrique.com/ s’est ouverte sur Kinshasa Kids, mélange réussi de documentaire et de fiction qui souligne encore une fois la place des enfants dans ces sociétés et leur résilience. Le réalisateur belge Marc-Henri  Wajnberg s’implique directement par le personnage du réalisateur qui filme en caméra cachée ou en petite caméra certaines scènes de la vie grouillante et désordonnée de cette mégalopole. La vivacité des enfants fait beau à voir dans cette histoire maintes fois  racontée de ces bambins et jeunes laissés pour compte mais qui s’en sortent par des petits boulots et par cette verve musicale qui les anime et qui leur permet de connaître et de participer de diverses manières à l’effervescence culturelle de cette ville.

>> Luc Chaput

Thierry Michel est un autre réalisateur belge qui s’est lui spécialisé depuis de nombreuses années dans des documentaires sur l’ex Zaïre devenu RDC que ce soit Mobutu, roi du Zaïre ou Congo River. Son portrait de l’homme d’affaires et gouverneur du Katanga Moïse Katumbi soulève de nombreuses questions sur les contradictions qui existent entre ces deux emplois que Katumbi, leader charismatique qui emploie si bien son prénom, pratique dans un flou juridique certain. On est pourtant étonné de la réutilisation de séquences  d’autres films du même réalisateur déjà montrés à Montréal notamment Katanga Business. Il manque d’ailleurs une étude dans ce film des autres membres de cette famille d’entrepreneurs.

Le réalisateur suisse Christophe Cupelin quant à lui emploie surtout des images  et des entrevues d’archives audio et télé pour revenir sur la vie et l’œuvre du Capitaine Thomas Sankara vingt-cinq ans après son assassinat alors qu’il dirigeait le Burkina Faso.  Le bagout, l’entrain, les formules à l’emporte-pièce de ce dirigeant qui créa des sueurs froides à plusieurs de ses voisins ressortent dans ce portrait assez laudatif qui manque souvent d’appuis statistiques à certaines affirmations. L’épisode du coup d’état qui  renversa Sankara évacue trop rapidement l’identification des exécutants subalternes et un portrait plus étoffé de son successeur, Blaise Compaoré encore aujourd’hui au pouvoir, aurait été bienvenu.

De son côté, le réalisateur sud-africain Simon Bright réussit son enquête sur son pays d’origine le Zimbabwe et son dictateur. Robert Mugabe – what happened? est à la fois une biographie solide du personnage principal et débute par une étude des diverses étapes de la lente décolonisation de la Rhodésie. Une prospérité certaine continua après l’indépendance en 1980  puis la situation se dégrada  et il y eut plusieurs tentatives  ratées de restructuration économique. Les entrevues des divers témoins qu’ils soient des quidams ou des personnalités rajoutent des éléments aux images quelquefois insoutenables de la manière cruelle dont Mugabe, depuis 1980, dirige le pays. Simon Bright apporte de nombreux éléments de réponses à ce dossier encore ouvert sur ce dirigeant incapable de lâcher prise sur le pouvoir.

Pour alléger la souffrance des enfants-soldats et autre victimes des guerres, le réalisateur bissau-guinéen Flora Gomes propose La République des enfants, une fable sur une grande ville d’où les adultes ont fui. Seuls des enfants et jeunes adolescents y vivent en plus d’un vieil homme ancien ministre qui voit l’avenir avec ses lunettes spéciales. L’ensemble est bon enfant, c’es le cas de le dire, mais la satire contre les organisations internationales tourne malheureusement court dans cette œuvre où des très jeunes  e montrent si adultes dans leurs choix. Voici quelques-uns des longs métrages présentés dans les premiers jours de ce festival essentiel.

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